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vincetoucharoundtheworld
11 janvier 2009

Evocation du voyage

Mes chers amis, en attendant que l image revienne -veuillez nous excuser de cette coupure momentanee independante de notre volonte- laissez-moi vous presenter quelqu un qui m est cher a moi et a ma famille. Si cher d ailleurs qu il a depuis ma plus tendre enfance acquis le titre de Tonton. Ne souriez pas car ici cette appellation est a considerer avec toute la presence impressionnante, la stature fascinante et en meme temps la grande affection a laquelle ce terme s associe dans ma cosmogonie familiale enfantine. Mais qui est-il ce Tonton Georges pour ne pas le nommer?
Tonton Georges n est pas vraiment une personne; il est un personnage; un dandy echappe d un siecle precedent qui sait pourtant aussi bien porter une chemise bouffante et un Spencer qu un jogging et une paire de Vans, et ce sans jamais perdre une once de prestance.
Il est de ces dynasties lointaines et mysterieuses mais que l on devine princieres. De son pere negociant en tableaux il a herite le gout pour la peinture jusqu au bout de ses pinceaux ou s exprime sa rigoureuse fantaisie.
Expert en psychee humaine dans ce qu elle a de plus paranormale (le "a" privatif serait medicalement deplace), l artiste scientifique a pour marotte d autres personnages que lui, aussi fascinants mais plus inquietants: Freud, Landru et maniaques associes. N importe, tant qu ils ne sont pas habites par un equilibre mental ennuyeux. Quoi de plus triste que la normalite, surtout en psychiatrie.
Il est aussi de ces diseurs de belles aventures a la culture immense et la verve non moins depourvue. Quand il vous raconte l Histoire, il vous conte une histoire, truculence et elegance rimant delicieusement dans sa voix puissante de stentor. En un instant, quoiqu ancienne fut l anecdote, vous vous trouvez projete au temps et au lieu ou s est joue une historiette qui prend d un coup des allures d evenement. On ne saurait d ailleurs dire, tant la mise en scene est habitee et rigoureuse dans le detail, si elle fait veritablement appel a sa culture ou a sa memoire. On jurerait qu il a pris le the avec Madame de Sevigne ou qu il etait sur les quais de la Neva lorsque Raspoutine (dont il pourrait partager le magnetisme) y trouva la mort pour la troisieme et ultime fois.
Sa gentilhommiere ressemble au maitre des lieux. Caverne d Ali Baba emplie jusqu aux plafonds, elle ne suffit pas a contenir l ensemble de ses tresors.
Un palais de cent salles ne suffirait pas a renfermer toutes les pieces de cet inventaire heteroclyte. Entre collections de tomes, de toiles, de malles, de balles (!), on deambule et on s arrete ca et la qui sur un samovar, qui sur un hanap, ou sur tout autre curieux objet dont chacun a une histoire, une existence, un voyage. Car c est cela le plus grand pouvoir de ce personnage fantas(ma)tique et pourtant reel; il vous fait voyager sans que vous quittiez votre fauteuil dans le temps et l espace.
Ce soir du nouvel an 2009 il a choisi, dans un propos du coup presque tautologique, de nous inviter au voyage, dans une evocation fabuleuse, truffee de tant de references qu on pourrait en faire un livre. Je n ai d ailleurs pas besoin de la rapprocher de tel ou tel auteur ou personnage; ils sont tous la dans un panegerique florissant. Meme si vous perdrez la moitie de l intensite du texte en ne l entendant pas declame par son auteur, la moitie qui reste vaut tout de meme d etre lue et relue mille fois. Voici donc cette evocation du voyage dans le plus pur style georgiesque, inimite car inimitable.
Tonton Georges, puisque tu m as fait le plaisir, l affection et l honneur de me dedicacer ton merveilleux texte, je te decicace en retour ce post avec moins de brio mais avaec autant de tendresse. Bonne lecture a tous:


Mes chers amis,

Puisque Vincent est parmi nous,

Ce soir, me permettrez-vous une introduction

Au Voyage :

 

Mais ne pourrait-ce être aussi pour nous tous,

Une invitation au voyage vers

« Le pays parfumé que le soleil caresse » ?  

 

Ou alors, Voyage Initiatique… ?

Sinon.., Chateaubriand ? Nerval ? Rimbaud ?...

 

Voyages…, pour Apprentis sages…?

Les voyages ne forment-t-ils pas la jeunesse… ?

La Genèse

… ?

 

Mais mon cher Vincent, as-tu pressenti quelque philosophie du voyage ?

As-tu appris à voyager avec le hasard ?…

 

Pour en savoir quelque chose,

du temps où j’avais ton âge,

Il n’est jamais de mauvaise compagnie.

 

 

 

 

Mais je sais aussi, profession faisant foi,

Qu’il peut exister une forme de voyage dit pathologique :

Dromomanie du monomaniaque !

Irritation de l’uncus de l’hippocampe chez les épileptiques temporaux !…

 

Ou alors le voyage comme une fuite hors de soi…

Ou encore le rêve comme voyage en Soi…

Caravanes de la soie… Steppes de l’Asie Centrale… Borodine…

 

Le voyage d’Ulysse ? Me diras-tu ?

Voyons !!! Fausses errances !…

Car en réalité une seule épreuve :

Pénélope !!

 

Le voyage de Télémaque ou le voyage du Janséniste.

Le voyage du jeune Anacharsis.

Le voyage d’Hannibal et les délices de Capoue…

Le voyage de Marco POLO… Mensonges et merveilles.

Le voyage de Christophe Colomb.

Le voyage dans

la Lune.

 

 

Voyage autour de ma chambre, la tête au pôle et les pieds à l’équateur.

 

Migrations.

Emigrations.

Immigrations.

Voyageurs sans visa.

Voyageur sans visage.

Voyageurs sans bagage.

Le voyageur et son ombre.

 

Furtifs et éphémères regards

Qui un jour se croisèrent

Entre vitres de wagons,

En une gare sans nom…

Il est interdit de se pencher… Vincent…

Au-delà, le billet n’est plus valable…

Quais de l’attente…

Quai des brumes…

Eternel retour.

 

Transsibérien ? Pullman ou Orient Express… ?

Michel Strogoff, Madone des sleepings

Ou Agatha Christie ?

 

Ostende… ? C’est déjà Istanbul…

 

« On me croit encore à Weimar, et déjà je suis à Erfurt »,

Plaisantera Goethe.

 

Le pèlerinage à Delphes ?

Voyages vers les Terres Saintes ?

Saintes Marie de la mer.

 

Le Voyage à

la Mecque.

La Nuit

du Voyage :

Le Prophète sur Bouraka cavale à tête de femme.

 

D’où viens-tu ? Ahasvérus, éternel voyageur ?

 - Je viens d’où je viens…

- Où vas-tu ?

- Je vais où je vais…

- Qui est-tu ? 

- Je suis qui je suis…

 

 

Défaire ses bagages.

Refaire ses bagages…

Ne jamais défaire ses bagages.

 

 

« Deux allers, un retour :

Les roses sont si belles cette année à Gambay… »

 

Voyage d’Alice au pays des merveilles…,

Mais de l’autre coté du miroir.

 

 

 

Sir Richard Burton et les Monts de

la Lune

Stanley... :

Docteur Livingstone, je présume ?

 

Naufragés de l’autocar…

Passagers du “May Flower”…

Long Island…

« Contrat à la grosse aventure »

 

Pulsion à la recherche de l’Objet…

L’Objet perdu de Freud.

L’Etranger errant du soufisme.

La Queste

… Le Graal…

La déportation vers Ninive…

Saint Paul et le voyage à Ephèse.

 

*

* *

 
5

 

Mes chers amis et plus particulièrement,

 Toi Vincent,

Vous voyez combien dans ma vie j’ai voyagé,

Et souvent, croyez-moi, à mes frais.

Mais suis-je autorisé à répondre comme Cagliostro lors du procès dit du

« Collier de

la Reine

»,

Quand le Président d’Aligre lui demanda de Décliner son identité :

 

« Me voici : je suis un noble voyageur ;

Je parle,

Et votre âme frémit en reconnaissant D’anciennes paroles… »

 

Pour ce qui me concerne, je vous l’avoue, je n’ai rien fait d’autre que sacrifier à cette tendance au déplacement héritage de notre ancêtre l’Australopithécus afarensis, quand quittant sa vallée du Rift, il se mit en marche vers l’est, c'est-à-dire l’Orient, afin de couvrir le modeste espace que les dieux parce qu’ils aiment se gausser des mortels, lui accordaient sur l’étrange planète « ronde et bleue comme une orange. »

La vie devint alors un chemin, et l’homme un voyageur en perpétuelle errance.

 

 

 

Mais les descendants de cette étrange espèce à stature verticale et vision panoramique, éblouis et humiliés à la fois d’avoir le « Visage au Soleil », crurent un jour qu’il leur serait plus commode de le suivre dans sa marche, jusqu’à ce qu’un moine polonais ait prétendu démontrer sa majestueuse immobilité.

Il leur fallut donc accepter que se soit le soleil qui les regardât se déplacer…, dans une éternelle et dérisoire circumvolution, puisque la terre est ronde comme une roue, si l’on en croit Ptolémée.

 

En fait, on ne va jamais aussi loin, mes amis que l’on ne revienne à son point de départ.

Seul l’absolu est un voyage sans retour.

 

Mais il ne peut y avoir de voyage qu’on fasse, qui n’ait été rêvé antérieurement. Et ce sont là des rêves qui éveillent au point que l’on cesse alors de vieillir. De ces rêves qui ajoutent à la vie comme disent les Berbères.

Se pencher sur un Atlas, repérer des noms étranges…

 

 

 

Aussi,

 

Quand les nuits d’été sont profondes comme l’iris d’une femme arménienne,

Quand la lune éclaire les narcisses en terres de Sienne,

Les moires pérégrines de mes jours sans sommeil,

Me font descendre le Limpopo,

 Fleuve des merveilles.

 

Mais de ce tien beau parcours, Vincent, si je me fie à ce que je sais pour avoir assez régulièrement consulté ta prose narrative, il te reste néanmoins, si je ne me trompe, à connaître

 

« … le pays où les citrons fleurissent, […]

Le myrte se dresse tranquille et le laurier haut… »

 

 

Et s’il existe un ailleurs où tout ne serait « … que luxe, calme et volupté… », puissent t’assister les balises éclairantes du symbolique, et ne pas renier l’imaginaire sans lequel tu sombrerais dans le réel, devenant alors, « étranger sur une terre étrange ».

 

 

Mes chers amis, que l’on se soit parfois, dans la vie laissé « embarqué » en quelque douteuse expédition ou que l’on nous ait « envoyé promener »,  et dans ce dernier cas j’espère que vous en avez profité, nous traversons toujours et dans tous les cas, l’Océan des apparences, car le vrai voyageur ne sait pas où il va.

Avoir beaucoup roulé, erré, ce n’est pas être insociable, c’est seulement aimer les grandes relations.

 

Mais ce soir en ce moment qui fête l’an nouveau, « le plus beau voyage ne serait-ce pas celui que l’on fait l’un vers l’autre ? »

 

 

Quant à la fraction du discours poétique qui va clore mon bavardage, et que vous reconnaîtrez je n’en doute pas, je le dédie pour votre plaisir et le mien, à tous nos enfants, apprentis voyageurs :

« Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal

Fatigués de porter leurs misères hautaines

De Palos de Moguer, routiers et capitaines,

Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

 

Penchés à l’avant des blanches caravelles

Ils regardaient monter en un ciel ignoré

Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles. »

 

*

**

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Commentaires
C
merci de nous faire partager un peu de ton "tonton Georges"! me voilà le sourire aux lèvres en ce froid matin de janvier. je vais voyager en pensées aujourd'hui.
vincetoucharoundtheworld
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