Emeishan
Après avoir dormi au sommet à 3700 mètres et attendu un lever de soleil qui n'est jamais venu, nous commençons notre descente, entourés de béton, de touristes chinois éructant dans le silence de la montagne et de temples kitsch du plus mauvais goût en ce sanctuaire.
Et déjà notre première rencontre: cet adorable petit chiot ne veut pas lâcher mon sac.
Nous nous retrouvons très vite seuls au milieu des coulées vertes que la montagne déverse jusqu'au fond de ses gorges insondables.
Deux ouvriers farceurs font les mias* avec mes lunettes de soleil; je leur aurais bien laissé mais mes petits yeux clairs d'Européen ne supportaient pas l'éclatante lumière de cette belle matinée.
*Mia: n.m. en marseillais est celui qui roule des mecaniques, qui joue les gros bras, bref qui se la pete. Peut egalement se danser (mais uniquement sur du I AM)
Nous cherchions la solitude; mais la montagne est habitée et ses autochtone ne sont pas farouches.
Tandis qu'une mère épouille sont petiot sans prêter attention à notre présence, un mâle baille aux corneilles (si si il y a des corneilles en Chine).
Un site naturel de randonnée selon les Chinois: du pied de la montagne jusqu'à son extrême sommet, le « sentier » est fait de béton gris. Résultat: des milliers de marches descendues et des crampes pendant 2 jours. Mais cela vaut vraiment la peine.
La verdure est omniprésente. Quelquefois cependant l'élément minéral se découvre impudiquement à l'occasion de quelque cascade se déversant sur une naïade des rivières.
Une autre rencontre canine qui restera notre compagnon pour tout le reste de la marche. Touchante fidélité.
Un peu plus bas nous retrouvons des macaques qui squattent le pont. Gare au pique-nique !
A mesure que nous descendons, la forêt continentale se mue en une jungle équatoriale aux luxuriantes et humides frondaisons.
Un autre exemple du puissant gigantisme de la montagne. Les parois d'argent encadrent la fin de notre marche de leur murs protecteurs.
Petit arret pour que je puisse me recueillir devant une fresque sculptee dans la roche.
Notre marche de onze heures se termine par la quiétude de ce paisible lac. Encore un peu de ce silence avant de retourner au tohu-bohu des vendeurs de souvenirs qui nous attendent à l'arrivée.